Déménagement d'un bac récifal

01/03/2010 10:24

Article écrit par S. Tardy Webmaster de Reefguardian credit photo : F. Rauscher


Suite à mon changement de domicile début avril, j'ai été contraint de déménager mon bac. Je vais essayer ici de décrire un peu ce déménagement afin d'aider et/ou de donner des idées à ceux qui vont un jour déplacer le leur, ou tout simplement pour montrer un peu à quoi ressemble le déménagement d'un bac récifal.

Pour rappel, voici les dimensions du bac : 200*60*60 sur meuble avec une décantation de 115l et un deuxième meuble de rangement qui accueil l'écumeur, le réacteur à calcaire, le réacteur à calcium et le ph mètre. Environ une vingtaine de poissons et une cinquantaine de coraux.
Globalement ce déménagement s'est déroulé moyennement car j'ai eu quelques pertes (2 poissons et de grosses pièces coralliennes colorées).

 

Voici le déroulement du déménagement :

  • Nombre de personnes : 7
  • 2eme étage d'un immeuble collectif
  • 30 jerricans alimentaires de 25l
  • 30 caisses isothermes
  • Une centaine de sacs plastics de transport
  • 4 ventouses
  • 5 plaques de polystyrène de 150*70 env.
  • 1 bâche

 

Tout d'abord il a fallut penser au transport des animaux et donc se procurer des sacs (demandez à votre revendeur préféré, je suis sûr qu'il vous en donnera ;-) ), des caisses isothermes (généralement celles utilisées pour l'expédition de coraux et poissons) qui vous seront peut être prêtées ou données toujours par votre revendeur. Prévoyez large, on croit toujours qu'il y en a assez, mais ça va très très vite. N'oubliez pas qu'on ne peut mettre qu'un animal par emballage.
Le problème de l'eau s'est aussi posé. Il n'est normalement pas conseillé de changer la totalité de l'eau, bien que certains n'aient eu aucun problème à la suite. Le souci ici, c'est que préparer 800l, ça aurait voulu dire 4 fûts de 200l d'eau à osmoser dans le nouveau logement : vu le débit des osmoseurs que nous utilisons pour nos bacs (60l à 120l par 24h00), il faudrait avoir accès au nouveau logement au moins 6 jours avant. Ca n'a pas été mon cas puisque j'ai dû quitter l'ancien et intégrer le nouveau en deux jours! Donc mon choix a été de préparer un fût de 200l dans le nouvel appartement, et de récupérer un maximum d'eau de l'ancien. Pour se faire, j'ai réussi à me procurer 30 jerricans de 25l qui contenaient à l'origine du glycérol (sans effets au contact de l'eau de mer).
Un petit truc aussi, si vous devez comme moi déménager en très peu de temps : préférez déménager le reste de votre appartement avant le bac car si vous faites l'inverse, vous risquez de ne pas avoir le temps de remettre votre bac en route et serez obliger de le laisser en plan le lendemain, le temps de déménager votre appartement. Alors que si vous déménagez votre bac en dernier, vous pourrez consacrer le temps qu'il faut pour le remettre en route.
Le matin à la première heure j'ai commencé par démonter l'éclairage et tout les périphériques (écumeur, RAC etc.). En laissant les pompes de brassage fonctionner le plus longtemps possible. Pendant que certains passent un coup d'eau dans les jerricans pour enlever les quelques gouttes de glycérol, d'autres les réceptionnent et commencent à siphonner l'eau du bac. En même temps, on commence par emballer les coraux, les poissons n'étant pas capturables à cause du décors. Chaque corail est emballé soigneusement dans un sac, parfois doublé pour éviter qu'ils ne percent. les sacs sont ensuite calés dans les caisses isothermes. Pour certains coraux très fragiles (seriatoporas), il vaut mieux les emballer dans de petits seaux fermés, avec un sac plastic dans le fond pour éviter qu'il ne se balade. La plupart du temps vous aurez à casser le corail à sa base (pour ceux étant pris sur la roche), pour les grosses pièces bien prises sur les pierres vivantes, vous pouvez les transporter à "sec", en mettant la pierre et son corail directement dans la caisse isotherme et en laissant un peu d'eau au fond ainsi que du plastic ou un linge humide sur le corail.

 

 

 

Une fois les coraux sortis, c'est au tour du décor. Les pierres sont mises en vrac dans des fûts et des caisses isothermes. Il faut essayer de les garder humides. Je conseillerais même de laisser de l'eau au fond, car certains poissons on la fâcheuse tendance à se réfugier dans les pierres et à être récoltés avec! Ca a été le cas avec ma blennie Ecsenius midas, qui a voyagé 4 heure dans une pierre vivante sans eau. Elle en est ressorti une fois la pierre immergée dans le bac déménagé et remis en eau! Je l'ais toujours dans mon bac à l'heure où j'écris ces lignes.
RM : Si vous récupérez l'eau du bac, siphonnez un maximum avant de sortir les pierres car en sortant ces dernières vous allez mettre les sédiments en suspension et donc les siphonner avec.

 

 

 

Une fois le décor enlevé, ou presque, siphonnez un maximum d'eau, quitte à la jeter si elle est trop sale. Il est temps maintenant de capturer les poissons. Rien de plus simple pour la plupart, ils n'ont presque plus d'eau et de décor où se planquer. Certains sont néanmoins délicats à attraper car ils se planquent et se calent dans les derniers fragments du décor qui restent. Attention aux chirurgiens et leur scalpel! Aussi bien pour vous que pour le sac plastic. J'ai dus mettre les plus gros dans des seaux car ils perçaient systématiquement le sac de transport...

 

Emballez chaque poisson individuellement. J'ai fais l'erreur de croire que les chromis viridis (demoiselles) pouvaient être transportés par deux, résultat : j'en ais perdu une!
Mettez le même volume d'eau que d'air afin de laisser suffisamment d'oxygène pour le transport. Ne gonflez pas les sacs à la bouche!! Ecartez au maximum l'ouverture du sac, et d'un coup sec fermez le, le plus haut possible. Vous devriez arriver à emprisonner suffisamment d'air.

Au fur et à mesure et depuis le début, les détritivores sont attrapés et placés tous dans le même seau (bernards l'hermites, escargots, ophiures etc.), excepté les holothuries qui risquent de libérer leur toxine (l'holothurine).

Reste à enlever tout le sable. A laide d'une pelle de ménage en plastique, j'ai sortis le sable et mis dans un seau. Lorsqu'il ne reste presque plus rien, vous aurez une pellicule d'eau restante. Epongez la avec une serviette ou une éponge réservée au bac jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.

 

Il faut maintenant déplacer le bac pour le mettre sur le camion de transport. Afin d'éviter la casse, il faut absolument mettre un matériau entre le bac et le fond du camion. Le polystyrène étant l'idéal, j'ai tapissé le fond de plaques.

Le verre seul est très lourd et il a fallut être quatre personnes pour le déplacer. Par chance des amis ont pu me fournir des ventouses pour le déplacer, ce qui est quand même bien plus commode que de prendre le bac à mains nu.

 

Le moment le plus délicat du transport a été dans la cage d'escalier, où le bac ne passait pas en le laissant en position horizontale. Il a fallut mettre une plaque de polystyrène épais sur chaque palier afin de pouvoir poser le bac sur une face. De cette manière on a pu dresser le bac verticalement, en appuis sur une face, elle même sur la plaque de polystyrène. Une fois dressé, il a fallut faire glisser la plaque de polystyrene avec le bac jusqu'a ce que ce dernier se retrouve face à l'escalier descendant, et le refaire basculer pour continuer à descendre (voir photos). Ceci sur chaque palier des deux étages. Attention à ne pas prendre le bac par les renforts et à ne pas exercer de traction ou de poussée trop fortes sur les vitres latérales

    

Arrivée au camion, le bac est posé dans ce dernier, sur les plaques de polystyrène placées au préalable

Au tour du meuble. Même principe, mais sans les ventouses. De plus la décantation ne pouvant s'enlever qu'après avoir démonté certaines parties du meuble, j'ai décidé de la laisser à l'intérieur, calée avec du polystyrène

 

Nous voilà parti sur la route. Mon nouveau domicile est à un quart d'heure, mais il s'est déjà passé 4 heures depuis le démarrage du démontage du bac. La température extérieure est plutôt estivale et il y a du soleil. Ca chauffe quand même pas mal...
 

Arrivé au nouvel appartement, même chose en sens inverse : déplacement du meuble en premier bien entendu, puis le bac. 1er étage, et ça passe horizontalement dans la cage d'escalier, le pied! Par contre le couloir qui donne sur la porte d'entrée est trop étroit et là on ne passe pas horizontalement. De plus avec le palier, le bac ne passe pas verticalement non plus. La méthode que l'on a utilisé est alors la suivante : le bac est présenté verticalement devant la porte (attention, toujours sur du polystyrène), il faut ensuite le faire basculer par le bas, en tirant le polystyrene sur lequel est posé le bac vers l'intérieure de l'appartement. De cette manière on a pu le faire entrer. Idem pour le meuble.

Je remplis un fût de 60l pour y mettre tous les poissons, qui sont en attente depuis un bon moment dans leur sac. Je mets un couvercle sur le fût afin de les maintenir dans le noir, pour diminuer le stress. Une résistance est également branchée pour maintenir la température.

Je mets une bâche devant le bac sur son meuble, ça évitera à la moquette de garder les traces du déménagement ;-)
Je commence à monter le décors, en même temps les jerricans sont vidés un à un dans le bac, ainsi que le fût de 200l d'eau neuve (pour info l'eau a été préparée un jour avant, en laissant une pompe de brassage (maxijet 1200) tourner et une résistance pour que l'eau soit à la bonne température). Les pierres sont empilées à même le sol, sur la vitre du fond (j'ai des animaux fouisseurs comme les Alpheus, aurifron et autres).

 

Vient le tour du sable. C'est là qu'à mon avis a été le problème dans ce déménagement. En fait j'ai pas mal de sable et les sédiments se sont accumulé au fil du temps (septembre 1999). Lorsque j'ai remis le sable dans le bac, on ne voyait plus à 2cm dedans... (voir photo). Je pense que ça a été déclencheur des quelques pièces que j'ai perdu... Peut être une libération massive de phosphates...
A cause de cela, je n'ais pas pu remettre les coraux tout de suite en place, mais je les ais disposé en vrac dans le bac, en les posant à tâtons, le temps qu'on vois clair.
Pour aider à la filtration, j'ai pris une pompe de brassage maxijet dont j'ai entouré la crépine de perlon et mis du perlon également dans la colonne de descente d'eau. Quelques heure après on voyait déjà plus clair, mais pas assez pour fixer les coraux.

 

Un autre problème s'est posé, c'est qu'en fait j'ai été un peu juste avec l'eau. En effet, certains sacs de transport n'ont pas été vidés dans le bac (car eau trop sale) et l'eau de la décantation n'a pas non plus été récupérée... Résultat, j'ai été obligé de faire un fût de 50l d'eau de mer à partir d'eau du robinet.

Le lendemain l'eau était claire, et le décors recouvert d'un duvet beige de sédiments. J'ai commencé par coller tous les coraux et j'ai fait de mini "tempêtes" pour resoulever les sédiments afin de les piéger dans le perlon et l'écumeur. Ecumeur qui a tourné à plein régime pendant plusieurs jours. Je vidais le godet 3 à 5 fois par jour!

Bref bilan de l'opération : j'ai perdu une chromis viridis (demoiselle) et mon gramma melacara (*ùµ%$!! traduction : zut++) et en corail deux grosses pièces violettes et quelques boutures.
Au 12/04, donc 11 jours après, le bac est rétabli et les coraux poussent à nouveau. Les cassures sont déjà recouvertes par les tissus et l'eau est cristalline. Les poissons viennent à nouveau me manger dans la main et perdent petit à petit leur timidité.

 

La totalité des cicuits et des automatismes ont été opérationnels deux jours après. La remise en route du bac a pris beaucoup plus de temps que je l'imaginais et heureusement que j'étais en congé cette semaine là. Bref une dure épreuve aussi bien pour le bac que pour moi. Une opération a réaliser le moins souvent possible!